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28 février 2022

Anthropologue experte en squelettes de fœtus et de nouveau-nés, Émilie Portat a séjourné en novembre dernier dans la ville tunisienne de Carthage pour aider à éclaircir le mystère du « tophet de Salammbô »

Sollicités par l’École française de Rome, plusieurs anthropologues français, dont Émilie Portat, de la direction de l’Archéologie de Chartres métropole, se sont rendus en novembre à Carthage, en Tunisie, qui abrite le sanctuaire de Baal Hamon. Leur mission : former des étudiants et des professionnels à l’étude des restes osseux des bébés dits « sacrifiés » du tophet de Salammbô. C’est en travaillant sur la nécropole des tout-petits du site de Reverdy, à Chartres, qu’Émilie a développé de précieuses compétences sur le sujet.

Édifié vers le milieu du VIIIe siècle av. J.-C., ce sanctuaire a cessé de fonctionner à la destruction de Carthage en 146 av. J.-C.. La singularité du rituel qui y était pratiqué en fait l’un des monuments les plus importants du site. C’est dans cet espace sacré à ciel ouvert que l’on déposait les d’urnes contenant les restes des crémations de foetus ou nouveau-nés. Le terme biblique « Tophet » désignait à l’origine un lieu proche de Jérusalem synonyme de l’enfer. C’est après la parution du roman Salammbô, où Flaubert décrivait les sacrifices d’enfants au dieu Moloch par les Cananéens, que l’endroit fut nommé « tophet de Salammbô ».

Sacrifices ou morts naturelles ?

Depuis sa découverte en 1921, le tophet de Salammbô n’a cessé de faire l’objet de controverses passionnées : y procédait-on à des sacrifices de masse ou à des rites funéraires spécifiques pour mettre les petits défunts sous la protection de la divinité ? En novembre, il s’agissait pour les scientifiques de chercher sur les os d’éventuelles traces de mise à mort accréditant la thèse des sacrifices ou des éléments prouvant le contraire, comme des pathologies mortelles ou la certitude d’avoir affaire à des enfants non viables. Le mystère est loin d’être levé !

Interrompues depuis 1971, les fouilles ont repris en 2104 dans le sanctuaire de Baal Hamon. Entre 2014 et 2018, 548 urnes ont été mises au jour. On estime leur nombre à 40 000 sur l’ensemble de l’ère sacrée.