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01 mai 2023

3. De l'église Saint-Martin-au-Val à l'église Saint Brice

Troisième volet d’une série de cinq articles consacrés à l’histoire du quartier Saint-Brice, aux découvertes archéologiques qui y ont été faites, à son patrimoine et à son futur pôle archéologique.

Les trois clochers de l’église Saint-Brice, autrefois de Saint-Martin-au-Val, dominent le quartier. Quelles sont les grandes étapes qui ont marqué la vie de cet édifice ?

Une des premières églises de Chartres

L’église Saint-Martin-au-Val, située quasiment au centre du grand sanctuaire antique, possède une forte charge symbolique dans la topographie chrétienne de la ville. Jusqu’au VIIIe siècle, elle est le lieu d’inhumation privilégié des premiers évêques chartrains. Par la suite, elle est utilisée comme première étape pour la cérémonie d’intronisation des nouveaux évêques, qui doivent y passer une nuit en prière avant d’entrer dans la ville pour prendre possession de leur cathédrale. La fouille archéologique réalisée dans la nef de l’église entre 2013 et 2017 indique qu’un premier édifice recevant des sépultures en sarcophages existait dès le VIe siècle, prenant ainsi la suite du grand temple à podium installé sur la façade ouest du sanctuaire.

Des comtes pour abbés

Probablement vers 960, l’église échappe au contrôle de l’évêque pour passer dans les mains de la nouvelle dynastie des comtes de Chartres. Ces derniers cherchent avant tout à assoir leur autorité en se constituant de nouvelles possessions au sud de la ville, en direction de leurs fiefs méridionaux (comtés de Tours, Blois, Châteaudun). Les archives nous indiquent que l’habitat se développe alors aux environs de l’église, qui est reconstruite au XIe siècle, puis rendue aux évêques dans le cadre de la Réforme grégorienne, vaste mouvement de restitution à l’église des biens accaparés par les laïcs.

Les moines à l’origine du quartier

Avant même de l’avoir récupérée, l’évêque Yves de Chartres (v. 1040 – 1116) souhaite offrir l’église à l’abbaye de Marmoutiers, près de Tours. C’est ainsi que Saint-Martin-au-Val devient un prieuré en 1128. Autour de l’établissement, s’est développé un hameau peuplé de vignerons et de maraîchers, desservi par une seconde petite église paroissiale dédicacée à saint Brice, bâtie à l’ombre de la grande église dédiée à saint Martin.

Un prieur restaurateur

À partir du milieu du XIVe siècle, la vie paisible du prieuré et du quartier est bouleversée par les désordres et les destructions liés à la guerre de Cent Ans puis aux guerres de Religion. Gravement endommagée lors des sièges de 1568 et 1591, l’église de Saint-Martin-au-Val est restaurée à partir de 1645, à l’initiative du prieur Jean-Baptiste le Féron. La nef et les bas-côtés sont considérablement raccourcis. Une nouvelle façade est construite en retrait de la précédente et les voûtes de la crypte, qui s’étaient effondrées, sont reconstruites. Les moines de Marmoutier quittent le prieuré en 1663 et laissent la place à des religieux Capucins, qui font reconstruire les bâtiments des abbayes, qu’ils occupent jusqu’à la Révolution.


Vue d'ensemble de la crypte

Une chapelle pour l’hospice

Dès 1785, alors que les Capucins ne sont plus que cinq, il est envisagé de transformer le couvent en hospice des pauvres, afin de regrouper la majeure partie des structures d’assistance et de charité de la ville, en un seul et même lieu. Ce sera fait en 1791. L’église de Saint-Martin-au-Val devient la chapelle de l’hospice. Elle change également de vocable en reprenant celui de la petite église paroissiale désormais disparue : Saint-Brice. C’est cette dénomination qui est aujourd’hui utilisée pour qualifier à la fois l’église et son quartier.

En 1852, l’hospice Saint-Brice reçoit un legs important, conditionné à la reconstruction de l’église dans son état architectural du XIe siècle. Les travaux s’échelonnent de 1858 à 1864 : la façade de 1648 est démolie pour être remplacée, en 1861, par la façade actuelle, cantonnée de deux tours. La nef, par cette même occasion, prolongée d’une travée et demie. Après cette longue histoire mouvementée, l’église est finalement classée monument historique en 1886.


L'église en 1854 avant sa transformation

 


L'intérieur de l'église en 1893