Nos découvertes : vestiges et collections

Croyances & religions

Tablette de défixion

Plomb
Ier-IIe siècle apr. J.-C.
Longueur : 7,8 cm
Chartres : rue des Grandes Filles-Dieu - 2011

033.28.085.0269.7188.3

Au fond d'un fossé qui bordait la chaussée du quartier de potiers gallo-romain, reposait cet objet exceptionnel au contenu "envoûtant" : deux plaques de plomb d'environ 5 cm sur 10, repliées l'une sur l'autre. Chacune d'elle portent, incisées dans le métal, dix lignes de caractères en "cursive" latine en langue gauloise.

Un gaulois de Chartres, resté anonyme, a fait graver finement, sur une petite plaque de plomb, un texte terrible comportant une liste de noms, écrits « à la gauloise ». Parmi ces noms, Vatumaros (en tête de liste) désigne sans doute l’accusateur, dans un procès qui a opposé plusieurs personnes appartenant à l’élite de la ville d’Autricum. Vatumaros signifie « celui qui est grand par ses prophéties ». On peut penser qu’avec un nom pareil, il devait lui aussi croire à la magie. Cette première liste se termine avec une mention plus générale «et tous ceux qui les aident ». Parmi eux figure un certain Locuardicnos, qui pourrait bien être le magicien du camp adverse. Un peu plus tard, le procès ayant sans doute mal tourné, le même gaulois anonyme fait ajouter une deuxième liste de noms : en plus des complices de son adversaire, il attaque maintenant les témoins à charge qui se sont révélés au cours du procès, ou les juges eux-mêmes, qui ont si mal jugé. Mais pour contenir cette deuxième liste, il faut ajouter une deuxième plaque de plomb. Pour que les deux plaques restent solidaires, notre gaulois les replie soigneusement l’une sur l’autre, texte contre texte. Il a rogné deux angles de l’une d’elles, ce qui lui permet de rabattre dessus les angles de l’autre. Ainsi, l’objet préserve-t-il du regard les mots qu’il porte. C’est une « defixio », commandée par un gaulois auprès d’un magicien redouté, afin d’obtenir gain de cause dans un procès, ou, à défaut, une sorte de vengeance contre ses adversaires. Par la pesanteur du métal et par la puissance de ses maléfices, ces tablettes vont vouer les personnages ciblés à des désagréments plus grands que ceux qu’ils ont causés. Repliées sur elles-mêmes, elles sont, devant la maison d’un des complices(?), enfoncées secrètement dans la terre, à travers laquelle la magie fera lentement son oeuvre.

Turibulum (Brule-encens)

Céramique
Fin Ier - début IIe siècle apr. J.-C.
Hauteur : 22 cm
Surveillance de travaux Place des Épars - Chartres, réalisée en 2005

033.28.085.190.15003.238

Une domus (riche demeure gallo-romaine) localisée à l'emplacement de l'actuelle Place des Épars a été détruite par un incendie à la fin du Ier siècle- début du IIe siècle apr. J.-C. Un ensemble d’objets liés à la pratique de la magie étaient cachés dans une cave peu profonde de cette habitation et sont restés sur leur lieu d'origine pendant près de 2000 ans.

Cet objet en terre cuite appartient à cet ensemble exceptionnel et est porteur d'un texte magique en latin.
Sur le couronnement, on trouve successivement : Septemtrio / Oriens / Meridie(s) / Occidens.
En-dessous est inscrite la prière formulée par le magicien, répétée quatre fois, à l’aplomb des directions cardinales : Vos rogo omnipotentia numina ut omnia bona conferatis C. Verio Sedato quia ille est vester custos. Il s’agit d’une prière de recommandation, d’une invocation directe faite aux « dieux tous puissants » pour ménager leur bienveillance en faveur de C. Verius Sedatus.
Sur la partie centrale de l’objet, on trouve neuf formules magiques courtes (Echar, Dru, Bros, Chor, Chos, Aha, Stna, Dru, Drax), puis des mots plus longs, gravés sur le pied de l’objet, Halcemedme, Halcehalar, Halcemedme.

Caducée

Argent.
170-230 apr. J.-C.
Longueur : 8,1 cm.
Chartres : sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val - 2006.

033.28.085.0128.7154.4

Cet objet représente l'attribut du dieu Mercure, messager des dieux. Il est aussi dieu des routes, des frontières, des marchands et des hérauts.
Mercure, croisant sur son chemin deux serpents en plein combat, les réconcilia en jetant entre eux sa baguette. Le caducée, symbole de paix est traditionnellement constitué d'une baguette autour de laquelle s'enroulent deux serpents.

Intaille

Hécatolithe (pierre de lune)
260 à 280 apr. J.-C.
Longueur : 15 mm. Largeur : 12 mm
Chartres : sanctuaire de Saint-Martin-au-Val - 2007

033.28.085.0128.7331.750

La face supérieure, légèrement bombée, de cette intaille est gravée et figure Jupiter trônant. Le dieu est assis, torse nu, bas du corps drapé, la tête vers la droite, un volatile (un aigle ?) à ses pieds. Il s’appuie, à gauche, sur un sceptre, il tient à droite, une patère. Jupiter est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants qui s’y trouvent. Il est aussi le maître des autres dieux.

Déesse-Mère

Terre cuite
Ier - IIIe siècle apr. J.-C.
Hauteur : 157 mm. Largeur : 57 mm
Chartres : boulevard de la Courtille Chartres - 2012

033.28.085.0277.6687.2

La déesse-mère est représentée assise dans un fauteuil en osier tressé. Elle porte un enfant sur les genoux pour l'allaiter. Le cou est disproportionné. La robe forme des plis en arc sur chaque pantoufle. Ce type de figurine, symbole de fécondité, a été fabriqué en grand nombre. Comme les Vénus, elles assuraient protection et prospérité. Les figurines ont probablement été fabriquées à Chartres. Un four qui servait à la cuisson de divinités en terre cuite, notamment de Vénus et de déesses-mères, a été découvert, en 1858, rue du 14 juillet.