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01 mars 2023

1. Le quartier de Saint-Brice dévoilé par l'archéologie

Premier volet d'une série de 5 articles consacrés à l'histoire du quartier Saint-Brice, aux découvertes mises au jour lors des différentes campagnes de fouille, à son patrimoine et à son futur Pôle archéologique.

 

La place particulière qu’occupe l’archéologie à Chartres permet d’apporter un éclairage neuf sur les origines et l’évolution de la ville. La genèse de ses différents quartiers se dessine au fil des opérations archéologiques, chaque découverte venant ajouter une nouvelle pièce à un puzzle encore incomplet. Dans ce paysage urbain morcelé, le quartier Saint-Brice, bien que situé aux portes de la ville, occupe une place centrale.

 

Un immense sanctuaire antique

Les premières traces d’occupation connues dans le quartier remontent à près de 2000 ans, à l’extérieur du grand fossé qui délimite la ville gallo-romaine d’Autricum. C’est dans le fond de la vallée qu’est édifié un très grand sanctuaire, installé à proximité de la voie qui relie Chartres à Orléans. Les dimensions du sanctuaire (6 hectares), tout comme sa localisation aux portes de la ville, indiquent qu’il occupe une place importante pour l’ensemble du vaste territoire des Carnutes, qui s’étend depuis les rives de la Seine jusqu’au sud de la Loire.

Dessin du sanctuaire gallo-romain (Th Duchesne)
Evocation du sanctuaire de Saint-Martin-au-Val au début du IIe siècle de notre ère (dessin : Th Duchesne)

 

Une des premières églises de Chartres

Au début du VIe siècle, la religion chrétienne a définitivement pris le pas sur les cultes païens. Une première église funéraire est alors construite en lieu et place de l’ancien temple, situé dans l’aile ouest du sanctuaire gallo-romain. Cette église passe pour avoir abrité le tombeau de saint Lubin, l’un des premiers évêques de Chartres, autour duquel auraient pu s’agréger les prestigieux sarcophages de pierre découverts lors des fouilles conduites entre 2016 et 2019.

 

Un quartier aux portes de la ville

Au Moyen Âge, Chartres se structure et se fortifie autour du noyau formé par la cathédrale. À partir du XIVe siècle, elle est ceinturée par une puissante muraille, dont le tracé correspond aux boulevards actuels. L’église, désormais baptisée Saint-Martin, est agrandie et embellie à la faveur des chantiers du XIe siècle. Elle est cédée en 1128 au monastère de Marmoutiers et le quartier se développe de façon autonome, sous l’impulsion des communautés monastiques. Les terrains alentours voient fleurir vignes et vergers, autour desquels s’agglomèrent des habitats plus modestes.

 

La permanence du lieu de culte

Depuis le Moyen Âge, l’église Saint-Martin-au-Val conserve une importance particulière aux yeux du clergé. Les nouveaux évêques y séjournent la veille de leur entrée solennelle dans la ville, auprès des tombeaux vénérés de leurs prédécesseurs. L’église est saccagée lors du siège du Duc de Condé en 1568, puis largement reconstruite en 1645, à l’initiative du prieur Jean-Baptiste le Féron qui est inhumé dans la crypte. Une seconde église, dédiée à Saint-Brice, est construite au XIIIe siècle, pour desservir la paroisse. Désormais disparue, elle a donné son nom à la place où elle se trouvait et au quartier.

Vue de la façade d'une des pavillons des hospices, v. 1920 (Archives départementales d'Eure-et-Loir) - Les abattoirs au début du XXe siècle

 

Des hospices à l’hôpital

À la veille de la Révolution, il ne reste que cinq moines dans les abbayes. En 1791, le monastère est vendu comme Bien National, puis transformé en hospice, l’accueil des plus démunis. Ces valeurs sont restées ancrées dans l’âme du quartier, l’hôpital étendant progressivement ses fonctions, avec la construction de différents pavillons à la fin du XIXe siècle puis l’installation de l’Ehpad du Val de l’Eure au début des années 2000. Parallèlement, la partie nord du quartier est exploitée pour installer les abattoirs, construits en 1833 et l’habitat résidentiel se développe à la faveur de l’agrandissement de la ville. 

Aujourd’hui, même si certains monuments et certaines institutions ont disparu, le quartier Saint-Brice résonne encore de ce passé. L’équipe de la Direction de l’archéologie, installée depuis 2014 dans les locaux des abbayes, s’emploie à faire ressurgir les différentes pièces du puzzle, permettant d’orienter les futures politiques d’aménagement du quartier.