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02 novembre 2022

Chaque année, ce véritable laboratoire à ciel ouvert qu’est le sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val livre de nouvelles informations qui permettent de mieux comprendre toutes les spécificités des différents bâtiments qui le composent.

Construit entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle, le sanctuaire antique de Saint-Martin-au-Val,dans l'actuel quartier Saint-Brice, est l’un des plus grands complexes cultuels de la Gaule romaine. Il accueillait les citoyens d’Autricum (aujourd’hui Chartres) pour les grandes célébrations liturgiques. Il s’étend sur plus de 10 hectares et regroupe un grand sanctuaire avec des galeries de circulation de près de 8 hectares, longé à l’est par un portique rythmé de plusieurs bâtiments.

Un plafond à caissons de bois décorés

Entre 2016 et 2021, la fouille a permis de révéler le tiers nord d’une fontaine monumentale localisée en contrebas de ces derniers bâtiments. Elle illustre le savoir-faire et le raffinement « à la romaine » avec ses placages de marbres colorés importés d’Italie, de Grèce et de Turquie encore visibles et ses peintures à la base des murs.
Proche du mur nord, un bassin de 5,50 m de côté, au décor central quadrilobé en marbre blanc veiné de rose, contenait les restes d’un plafond décoré en bois dans un état de conservation exceptionnel, dont on ne connaît qu'un seul équivalent, à Herculanum, en Italie. Au total, ce sont environ 1413 pièces qui ont été prélevées ces trois dernières années.

Deux autres bassins

Le programme de recherche 2022 avait pour objectifs de mieux cerner la chronologie de l’édifice aux bassins, de préciser son emprise et son organisation architecturale et de confirmer la présence d’un second bassin, plus au sud. Au final, ce n’est pas un mais deux bassins supplémentaires, distants d’environ 6 mètres, qui ont été mis au jour.
Le premier, d’une profondeur de 2 mètres, de forme carrée et central par rapport à l’édifice et aux autres bassins, est recouvert de marbres blancs. Les visiteurs y descendaient probablement pour pratiquer les ablutions préliminaires à l’accès au sanctuaire et à l’autel d’Apollon . En marbre blanc lui aussi, le second, localisé plus au sud et dans la continuité des deux précédents, s’apparenterait plus à un bassin d’apparat, faisant ainsi écho à celui au décor quadrilobé.

Une idée plus précise du sanctuaire

La configuration de l’édifice qui couvre une superficie de 655 m² et enserre ces pièces d’eau a également été précisée. Les parements intérieurs des murs nord, sud et ouest sont rythmés d’arcatures aveugles plaquées de marbres pour les parties basses, et peints de représentations figurées pour les parties hautes. Le mur oriental présente, quant à lui, une architecture plus monumentale avec des colonnes engagées à décors de feuilles et chapiteaux corinthiens, un ensemble décoratif qui répond à la façade de l’autel d’Apollon. Deux escaliers, situés aux angles du mur ouest, permettaient d’accéder au portique de façade et à l’autel d’Apollon.

Fin des opérations de terrain

Après six ans de fouilles, les opérations de terrain s’interrompent pour permettre aux archéologues de traiter les données recueillies sur ce site unique, qui permet à lui seul de redécouvrir tout un pan de l’histoire de l’artisanat et des pratiques religieuses de l’époque antique. À terme, la publication des résultats proposera une restitution de l’autel à Apollon et de l’édifice aux bassins.

 

Des chercheurs extérieurs spécialisés

• Fin septembre, des chercheurs du CEPMR, laboratoire de recherche archéologique spécialisé dans le traitement des peintures murales et des stucs de l’époque romaine basé à Soissons, sont venus aider l’équipe de la Direction de l’archéologie à dégager et prélever des précieux fragments de peintures murales découverts le long des murs sud et ouest de la fontaine monumentale. Leur intervention a permis d’identifier une décoration simple de couleur blanche dans les alcôves, à laquelle sont associés des éléments d’architecture et figuratifs. Grâce à eux, il sera possible de restituer la totalité du décor peint intérieur de l’édifice.
• Archéologue spécialiste de l’architecture gallo-romaine de la Mission archéologique du département de l’Eure (MADE), Sébastien Cormier a réalisé l’expertise des nombreux éléments architecturaux découverts sur le sanctuaire (fragments d’entablement sculpté ou dalles calcaires, plinthes en marbres, etc.). Son étude et ses relevés précis permettront de restituer les élévations de la fontaine monumentale et de son décor lapidaire.