Vos rendez-vous !

2019 : Les mille et une couleurs d'Autricum

En 1993, l’exposition « Maisons d’Autricum » révèle, pour la première fois, la richesse des fresques antiques chartraines avec la présentation des riches décors de la place des Épars.

Depuis, les découvertes de vestiges de peintures antiques se multiplient dans tous les quartiers, au fil des opérations archéologiques, entrainant ainsi la collecte de dizaines de milliers de fragments.

Couleurs éclatantes avec multiples nuances de rouge, de bleu ou de vert, motifs subtils, scènes figurées ou graffiti de gladiateur apparaissent régulièrement sous l’œil attentif des archéologues.

D’une variété exceptionnelle, ces nouvelles trouvailles confortent l’image d’une Autricum colorée et flamboyante qui compte parmi les villes de Gaule du nord les mieux documentées dans le domaine de la décoration pariétale antique.

Patiemment les archéologues reconstituent, un à un, les puzzles géants composés des décors fragmentés dès l’Antiquité. Reconstitution de jolis motifs isolés, de scènes incomplètes mais compréhensibles, ou bien souvent de décors trop lacunaires pour être compris, jalonnent le travail des toichographologues.

Parfois la chance sourit et une découverte exceptionnelle bouleverse le classement honorifique du plus beau ou plus complet décor antique d’Autricum.

Après les beaux ensembles de la place des Épars en 2004, du Cinéma en 2005 et du boulevard de la Courtille en 2012, l’îlot Casanova révèle, à son tour, d’épatants et majestueux décors en 2013.

Ces fresques, la plupart inédites et issus d’opérations d’archéologie préventive récentes, sont présentées dans l’exposition « Les mille et une couleurs d’Autricum ». Combinant panneaux restaurés, plaques simplement stabilisées dans un but d’étude, restitution à taille réelle ou motifs isolés, l’exposition invite à une immersion dans l’ambiance et l’atmosphère colorée et raffinée des domus ou bâtiments publics d’Autricum.

Venez observer un prêtre d’Isis, admirer la barbe hirsute du dieu Océan, saluer l’Empereur, reconnaître de nombreux animaux exotiques ou fantastiques, contempler les 9 m² restitué du somptueux décor de l’îlot Casanova et revivre des combats de gladiateurs !


Une énigme de plus de 30 ans

Des hommes en toge, représentés à taille réelle, tenant des volumina* déroulés font face à un autre personnage assis sur un siège et juché sur une tribune. Tels sont les quelques bribes d’un décor dont l’essentiel nous échappe malheureusement.

Cette scène incomplète, restaurée en 1990, est longtemps restée le plus beau décor découvert à Chartres. Associée à d’autres fragments de représentations humaines (visage, mains, jambes) et à celle d’un livre ouvert, ces vestiges appartiennent à une scène totalement inédite dans le répertoire de la peinture en Gaule romaine.

Qui sont ces personnages ? Que font-ils ? Plusieurs hypothèses sont envisageables.

L’idée d’un cortège ou d’une procession de prêtres d’Isis* a été émise en raison de la présence d’un visage masculin au crâne rasé. Mais il s’agit là du seul indice renvoyant explicitement à un contexte rituel et le visage n’est pas rattaché avec certitude à la scène de procession. Il pourrait donc appartenir à un autre personnage ou à une autre scène du décor.

La lecture de textes semble être au cœur de l’action. Les personnages tiennent des volumina ou des codices*, servant aux actes officiels. Peut-être est-ce une scène de commémoration, un acte public, politique ou judiciaire, et non un rituel religieux à connotation orientale.

Ce décor est malheureusement trop lacunaire pour que l’on puisse définir sa réelle signification. Seule la découverte de fragments complémentaires, lors d’une nouvelle fouille, permettrait de lever le voile sur cette énigme de près de 30 ans.

* Volumen: Le volumen (volumina au pluriel) est un livre à base de feuilles de papyrus collées les unes aux autres et qui s’enroule. Inventé en Égypte, c’est la forme principale du livre durant l’Antiquité classique.
* Isis : Déesse égyptienne dont le culte s’est répandu dans tout le bassin méditerranéen et dont les rites ont été adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine.
* Codex: Le codex (codices au pluriel) est l’ancêtre du livre moderne. Il a été inventé à Rome au IIe s. av. J.-C. Il remplace progressivement le volumen à partir du Ier s. apr. J.-C.

 


Une profusion de nouveaux décors

À partir de 2003, avec le développement de l’archéologie préventive*, les découvertes de fragments de fresques gallo-romaines se multiplient à Chartres.

Souvent limitées à quelques fragments, ces trouvailles représentent parfois des surfaces peintes considérables, comme sur l’îlot Casanova.

La présence de riches domus dans le secteur de la place des Épars est confirmée grâce aux fouilles du  parking souterrain et du cinéma.

Les vestiges ornementaux proviennent du cœur de la ville antique, mais également de ses quartiers périphériques (Courtille, Pôle Gare), du complexe cultuel de Saint-Martin-au-Val et parfois même des campagnes environnantes (Rechèvres, Gellainville).

Ces dernières années, la révolution numérique a considérablement modifié la technique du traitement graphique et photographique de ces décors incomplets. Les restitutions à l’encre sur calque, au trait et généralement en noir et blanc, des années 1980-90 ont laissé place à des représentations colorées utilisant toutes les ressources innovantes des logiciels de photographie, de dessin et même de restitution 3D.
La collaboration étroite entre la Direction de l’Archéologie, les toichographologues et conservateurs-restaurateurs* du Centre d’étude des peintures murales romaines de Soissons (CEPMR) permet de présenter les décors majeurs mis au jour depuis 2003.

Nous vous invitons à les découvrir. En route vers l’Antiquité !

* Archéologie préventive : Elle a pour objet d'assurer  la détection et  l'étude scientifique des vestiges  susceptibles d'être affectés par les travaux d'aménagement. Elle a également pour objet l'interprétation et la diffusion des résultats obtenus.
* Conservateur-restaurateur : Le conservateur-restaurateur a pour mission de sauvegarder les biens culturels et de garantir leur accessibilité aux générations futures et présentes.

 

 


La fresque n'attend pas !

Découvrir aujourd’hui des fragments vieux de 2000 ans aux couleurs encore éclatantes peut paraître étonnant, d’autant que la réalisation d’une fresque antique n’est pas chose aisée. Les tentatives de reconstitution récentes l’attestent*.

Peindre a fresco nécessite d’apposer les pigments sur un enduit de sable et de chaux encore frais qui, en séchant, fixe les couleurs grâce à la formation d’une pellicule protectrice transparente et invisible*.

L’application des pigments sur un enduit trop sec entraîne une tenue imparfaite des couleurs et donc un décor dont la pérennité n’est pas assurée. C’est pour cela qu’une même paroi est traitée en zones successives. Pour la bonne réalisation d’un décor, la composition du mortier, le taux d’humidité ainsi que la température ambiante sont des paramètres aussi importants que l’art de peindre.

Le chantier demande donc coordination et activité quasi-simultanée entre le tector, qui prépare l’enduit, et le pictor, qui réalise la peinture. 

Les artisans travaillent toujours de haut en bas, en commençant par les voûtes et les plafonds. L’étape initiale consiste à enduire le mur d’une ou plusieurs couches d’enduit de préparation en sable et chaux.

Les empreintes présentes au revers de ces enduits renseignent sur la nature des murs supportant les décors. À Chartres, ce sont les chevrons qui apparaissent régulièrement, indices de constructions avec une ossature  mêlant bois et torchis.

Sur la dernière couche de préparation soigneusement lissée, le tector applique enfin, sur une surface délimitée, une très fine couche de mortier de finition sur laquelle le peintre pose immédiatement ses pigments. Le processus est renouvelé successivement pour chaque nouvelle zone à peindre.

Une fois l’enduit de finition posé le pictor intervient et réalise rapidement le décor imaginé.

Il peint d’abord, probablement à l’aide d’une brosse ou d’un large pinceau puis d’une spatule, les grands aplats monochromes généralement rouges ou noirs, s’il n’a pas choisi de conserver un fond blanc. (illustration 1)

Avant d’entamer la réalisation des éléments décoratifs linéaires ou répétitifs, il positionne les motifs à l’aide de tracés préparatoires incisés ou de repères peints, généralement peu visibles (illustration 2), parfois très grossiers (illustration 3). Pour les longs axes rectilignes, l’empreinte d’une cordelette imprimée dans le mortier frais lui sert de guide (illustration 4). Le compas lui permet de marquer les motifs circulaires ou l’espacement régulier des ornements répétitifs. Les tracés préparatoires peuvent aussi être peints (illustration 5).

L’ultime étape consiste à réaliser les motifs délicats : bordure ajourée*, (illustration 6) candélabre* (illustration 7), représentations figurées, animales ou végétales (illustration 8)…

L’étude des fresques antiques ne se limite pas à la seule description des décors. Les fragments peints apportent une multitude d’informations sur les techniques de constructions et sur l’architecture disparue. Reconstituer les décors permet de restituer les dimensions, les volumes, les hauteurs des pièces ou bâtiments, et aussi de percevoir la présence d’aménagements (porte, fenêtre, soupirail ou même étagère) qui n’ont laissé aucune trace au sol (illustration 9).

* Le site http://www.tectoria-romana.com/ propose des vidéos détaillant le processus complet de réalisation d’une fresque antique, par archéologie expérimentale. Cette fresque a été réalisée par Aude Ausilloux-Corréa et Maud Mulliez dans le cadre de l’exposition « L’Empire de la couleur »  présentée au Musée Saint Raymond de Toulouse en 2015.

* Bordure ajourée : Bande à motifs géométriques répétitifs vus en transparence, comme une dentelle, sur un fond unicolore.

* Candélabre : À l’origine, support vertical mobile portant un éclairage. En peinture, il sépare deux panneaux. Il peut-être agrémenté de motifs décoratifs très variés.


Et Océan retrouva sa place...

Le décor au dieu Océan est un exemple de reprise d’étude ancienne. Les fragments ont été découverts, en 1992, lors de la fouille de la ZAC du  Grand Faubourg. Seule une restitution partielle, basée sur trois plaques,  avait alors été proposée.

Un travail récent de nettoyage et d’assemblage ainsi que l’utilisation des nouvelles technologies aboutissent à une meilleure compréhension et restitution de ce décor.

Il montre l’alternance, courante en Gaule au Ier siècle apr. J.-C., de panneaux* rouges et inter-panneaux* noirs décorés de candélabres* à ombelles* dont certaines sont pourvues d’architectures. Le panneau rouge est limité par une bande verte à cercles roses et un filet d’encadrement blanc enrichi d’éléments végétaux. La zone inférieure n’est pas connue. Les particularités de cet ensemble sont le mortier de préparation très épais, la multiplication des motifs d’architecture et l’utilisation de la couleur verte. Nous avons là vraisemblablement la marque d’un atelier qui savait se montrer créatif.

Grâce à cette relecture, le masque du dieu Océan a repris sa place dans la composition, couronnant un candélabre. Son image est bien connue : un visage d’homme mûr au regard lointain, des sourcils hirsutes et une barbe abondante aux poils blancs mêlés de vert. Cette divinité appartenant au monde marin est souvent représentée. Le site de Nabeul, en Tunisie, en donne un bel exemple, d’une datation un peu plus tardive.


* Panneau : Compartiment de grandes dimensions, en général situé en zone médiane des décors.

* Inter-panneau : Surface de séparation décorée entre deux panneaux.

* Ombelle : Motif décoratif en forme de disque, utilisé en ornementation des candélabres.


Du puzzle géant au décor restitué.

 À Chartres, les découvertes de peintures antiques conservées in situ sont peu fréquentes. De nombreux fragments peints ont été utilisés, dès l’Antiquité après la destruction des décors, comme matériau de remblai. Ils sont donc découverts principalement dans les comblements d’abandon de caves ou de fosses dépotoirs.

Les archéologues se retrouvent alors face à des puzzles géants incomplets. Disparition d’une partie des fragments, mauvais état de conservation ou mélange de plusieurs décors compliquent bien souvent le travail de reconstitution. Le prélèvement et la conservation des vestiges sont particulièrement complexes en milieu humide, comme sur le sanctuaire de Saint-Martin-au-Val. L’intervention de conservateur-restaurateurs* est alors indispensable.

Parfois, l’effondrement d’un mur antique est à l’origine de la sauvegarde de pans entiers de décoration pariétale, comme dans le secteur de la place des Épars.

Au-delà des spectaculaires décors restitués, ce sont aussi les motifs isolés et les petits ensembles partiellement remontés qui permettent de compléter la vision de la décoration d’Autricum et parfois d’identifier le travail d’un même atelier.

* Conservateurs-restaurateurs : Le conservateur-restaurateur a pour mission de sauvegarder les biens culturels et de garantir leur accessibilité aux générations présentes et futures


Mégalo ces romains !

 Une découverte rarissime a été réalisée lors des fouilles de la place des Épars en 2004. Il s’agit d’une mégalographie* sur laquelle apparaissent le buste et le visage d’un personnage masculin, vue de profil et presque de grandeur nature.

Des indices comme le manteau pourpre et la couronne de laurier militent en faveur d’un empereur. Mais lequel ? La datation du contexte archéologique et l’absence de barbe sur la représentation impériale abondent en faveur de l’un des derniers empereurs de la dynastie des Sévères : Élagabal (218-222 apr. J.-C.) ou Sévère Alexandre (222-235 apr. J.-C.).

Le fond vert indique une scène se déroulant en extérieur, dans un cadre champêtre. L’empereur semble prendre part à une cérémonie à la laquelle le commanditaire de cette fresque a peut-être assisté ou même participé.

Issue de la pièce de réception d’une riche domus, cette plaque est malheureusement la seule bien lisible parmi l’ensemble des fragments prélevés, ce qui rend la découverte de cette image impériale encore plus exceptionnelle !


* Mégalographie : Représentation de personnages, en pied, de grandeur nature ou supérieure à la taille réelle


Des animaux fantastiques !!!

Le monde animal est présent sur de nombreux décors. Souvent localisés en partie haute de panneau, les animaux sont généralement représentés en mouvement.

Certains appartiennent à la faune locale, comme les biches ou les oiseaux traités de manière plus ou moins fantaisistes. D’autres sont des évocations réalistes d’animaux originaires de contrées plus lointaines, tels les aigles ou les dauphins, parfois même exotiques comme les panthères et autres félins.

Vivant dans un monde imprégné d’imaginaire et de mythologie, les peintres antiques ont laissé de nombreuses évocations fantastiques. Créatures légendaires, les phénix* et les griffons*, apparaissent ailes déployées. Les sphinx*, silènes* et satyres*, personnages mythologiques d’aspect mi-humains mi-animaux, peuplent également les décors chartrains.

Personnages ailés, les Amours, agrémentent parfois le centre des panneaux monochromes.

* Phénix : Oiseau fabuleux, qui vivait plusieurs siècles, se brûlait lui-même sur un bûcher et renaissait de ses cendres

* Griffon : Animal fantastique, ailé, à corps de lion et à tête d'oiseau de proie

* Sphinx : Monstre féminin auquel étaient attribués la figure d'une femme et un corps d'animal

* Silènes et Satyres : Demi-dieu rustique représenté comme un être à corps humain avec des jambes de bouc, des oreilles allongées et pointues, des cornes recourbées et une queue.


"Une maison vaste, magnifique, éclairée de toutes parts et comme fleurie de peintures" Lucien de Samosate (De Oeco, 1)

Les peintures fragmentaires mises au jour sur l’îlot Casanova illustrent parfaitement cette citation antique. En effet, dès la fouille, furent identifiés des hampes de candélabres ou des guirlandes végétales.

Après étude, ce sont en fait deux décors, aux fragments mélangés, qui ont été reconstitués.

Pour l’un, il s’agit de panneaux rouges à guirlandes végétales, conçus comme des édicules* architecturaux avec effet de perspective, qui alternent avec des inter-panneaux noirs agrémentés de candélabres à ombelles et objets suspendus. Ces derniers appartiennent au répertoire iconographique courant avec des cornes à boire, des vases, des fruits ou encore des clipei*. La découverte d’une corniche en stuc* en sommet de paroi ajoute encore un caractère exceptionnel à cette fresque qui a été restituée sur une surface de 9 m².

Le deuxième décor montre une composition monochrome rouge peu fréquente en Gaule, trame de fond à une évocation d’un monde végétal, animal et même fantastique, avec probablement l’image d’une sphinge.

* Édicule: Architecture simplifiée, représentée de face et inspirée du modèle d’un temple romain.
* Clipeus (Clipei au pluriel): Composition ronde, plate ou en relief, imitant un bouclier rond.
* Stuc : Pâte malléable, en général de chaux et de poudre de marbre, modelée ou moulée de façon à donner un relief au décor.


Maladresse ou capacité d'adaptation ?

Découvert place des Épars en 2004, ce décor du péristyle* d’une riche domus présente une excellente qualité picturale, avec un lissage de surface parfait et des couleurs éclatantes et variées. La composition générale, où alternent des champs rouges et noirs rythmée par des candélabres, est très classique ; mais l’abondante décoration intérieure des panneaux est, quant à elle, peu conventionnelle.

Malgré le soin apporté à la réalisation de la fresque, peu de tracés préparatoires sont visibles. Un tracé vertical incisé permet le bon positionnement des candélabres et l’empreinte de la pointe d’un compas est perceptible au centre des motifs circulaire polychromes.

Ce décor comporte pourtant d’importantes imperfections peu visibles au premier coup d’œil.

Sur le panneau central, un décalage horizontal de 2 cm existe entre les deux tableautins aux oiseaux, créant une impression bancale pour l’ensemble de la partie droite du panneau. Il s’agit là d’une maladresse initiale du peintre.

La dimension des deux panneaux rouges restitués est elle aussi inégale : 89 cm pour le panneau central, 113 cm pour celui de gauche. Est-ce à nouveau une erreur grossière de composition, une adaptation aux dimensions de la pièce, ou encore une contrainte due à un élément architectural disparu (porte, fenêtre) ?

Sur l’autre paroi du mur du péristyle se situait une fresque d’organisation similaire mais au décor plus conventionnel. Ces deux décors sont l’œuvre d’un même atelier.

* Péristyle: Portique à colonnes entourant une cour intérieure sur laquelle ouvrent les pièces des riches habitations romaines.
 

 


Entre économie et raffinement

À l’opposé des fresques colorées, parfois ostentatoires, de nombreux décors sont à fond blanc et agrémentés de compositions beaucoup plus sobres.

Le choix de ce type de décor, pour raison économique, transparaît par l’utilisation d’une polychromie réduite et de motifs très simples, comme sur des décors très fragmentaires du Faubourg Guillaume, de la place des Épars ou du cinéma.

Pourtant, le fond blanc n’est pas réservé aux habitats modestes. Il révèle parfois un vrai raffinement. C’est le cas d’un riche ensemble de la rue des Grandes Filles-Dieu, qui combine fond blanc, palette chromatique très variée avec abondance de bleu, motifs complexes et scènes figurées. Réalisé avec maîtrise et talent, mais trop fragmentaire pour être restitué, ce décor devait être particulièrement spectaculaire.

L’utilisation de nombreuses nuances de couleurs pour la réalisation de motifs architecturaux (colonne, entablement*, corniche*) et de scènes figurées se retrouve sur un grand panneau à fond blanc du site du cinéma. Associé à des imitations de placage de marbre en zone inférieure, ce décor bénéficie d’un traitement en perspective qui donne un effet de profondeur à la scène.

Le décor à fond blanc est une mode très en vogue à la fin du IIe et durant tout le IIIe s. apr. J.-C.

* Entablement : Zone de couronnement d’un édifice.
* Corniche : Bordure formée d’une ou plusieurs moulures en saillie qui couronne un mur ou une architecture.


Les murs murmurent...

De nombreuses fresques ont leur partie basse dégradée par des graffitis. Ces détériorations volontaires et spontanées sont très précieuses pour la connaissance de la vie quotidienne durant l’Antiquité.

Les graffitis permettent de percevoir de manière concrète, vingt siècles plus tard, l’intimité, les aspirations, les préoccupations, les exaspérations, les humeurs ou les passions de la population d’Autricum.

Un thème revient avec insistance : le spectacle d’amphithéâtre. Chasse aux fauves, courses de chars, combattants se faisant face, les exploits des gladiateurs* semblent très présents dans l’esprit de nos ancêtres.

Le besoin d’écrire des plus cultivés transparaît également à travers des prénoms, des vantardises ou des allusions grivoises, ou des successions de chiffres ou lettres dont le sens nous échappe souvent. Croquis satiriques, représentations animales et nombreux motifs énigmatiques, souvent incomplets, enrichissent ce corpus d’une étonnante variété et constituent une source d’information des plus expressives.

* Gladiateur : Homme (condamné à mort, esclave, ou le plus souvent, engagé volontaire) que l’on faisait combattre dans les jeux du cirque contre d’autres hommes ou contre des bêtes féroces. 


Conclusion

D’une ampleur déjà considérable, les vestiges de la décoration pariétale d’Autricum vont probablement encore s’accroître, dans les années à venir, lors des futures opérations archéologiques menées sur le territoire de Chartres métropole.

Depuis 2016, le Projet Collectif de Recherche « Les peintures murales romaines de Chartres-Autricum » fédère de nombreux chercheurs qui collaborent à un vaste programme d’études et d’analyses, parfois novatrices, sur les fresques antiques de Chartres.

Ce programme, porté par Chartres métropole et la Ville de Chartres, est soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles et le Comité archéologique d’Eure-et-Loir. Il bénéficie de la collaboration du CEPMR, d’opérateurs archéologiques privés, de l’École normale supérieure de Paris et de plusieurs unités de recherches d’universités françaises.

Exposition proposée par le Direction des l’Archéologie et le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Chartres


Commissariat général et scientifique

Laurent Coulon
Directeur de la Direction de l’Archéologie

Raphaël Huchin et François Kleitz
Archéologues-toichographologues

Marielle Guinguéno
Responsable Animation-Valorisation

Equipe d’assistance à la maîtrise d’ouvrage et de réalisation

Direction de l’Archéologie : Albina Entwistle, Florent Ginestet, Alain Louvieux, Denis Galinet, Marie Lusson, Fanny Pennarun, Anaïs Pinhède

Musée des Beaux-Arts : Philippe Bihouée, Françoise Jamais, Bruno Boisset, Jean-Michel Gavard, Jean-Michel Porteret, Eric Vauloup

Médiation culturelle

Direction de l’Archéologie : Fanny Pennarun, Florent Ginestet, François Kleitz.

Musée des Beaux-Arts : Françoise Jamais

Conservation et restauration

Direction de l’Archéologie : Charlotte Hannotte et Marjorie Maqueda

Centre d’Etude de Peintures Murales

Conception graphique et mise en page

Service PAO : Bénédicte Ahssini Et Jean-Baptiste Maradeix

Direction de l’Archéologie : Valérie Dangreville


Nous remercions

-Le Centre d’Etude de Peintures Murales : Béatrice Amadei-Kwifati, Sabine Groetembril, Jean-François Lefebre, Lucie Lemoigne

-Le service entretien et maintenance bâtiments, le service voirie – signalisation et le service logistique et mécanique de la Ville de Chartres

-L’Ecole Normale Supérieure : Florence Monier et William Van Andringa

Maud Mulliez, Marion Bérard, Juliette Astruc et Anaïs Pinhède (Direction de l’Archéologie), Jean-Michel Morin (département du Loiret), Véronique Blanc-Bijon (Université d’Aix-Marseille), Jean-Pierre Bost (Université de Bordeaux), Claudine Allag, Alix Barbet.
 


Autour de l'exposition

Conférence : Les fresques romaines à Chartres par François Kleitz, archéologue à Chartres Métropole
Le jeudi 7 mars à 18 h

Visites guidées pour tous

Accompagné par un médiateur culturel ou un archéologue, vous découvrez tous les secrets des fresques d'Autricum :
-dimanche 17 mars à 15 h
-jeudi 21 mars à 15 h
-mercredi 3 avril à 10h30
-dimanche 7 avril à 15 h
-dimanche 28 avril à 15 h
-jeudi 2 mai à 15 h
-dimanche 12 mai à 15 h
-mercredi 22 mai à 10h30

Visites gratuites limitées à 15 personnes.
Réservations à la direction de l'Archéologie : 02 37 23 41 75

Pour les familles ! (enfant de 6 à 12 ans accompagné d'un adulte)

-Mercredi 10 avril à 10 h 30 : visite guidée
-Jeudi 11 avril de 9 h à 12 h : atelier fresque
-Mercredi 17 avril à 10h30 : visite guidée
-Jeudi 18 avril  de 9 h à 12 h : atelier fresque

 Visites guidées gratuites

Pour les scolaires

Découverte de l'exposition à la demande des enseignants par des médiateurs

Informations, tarifs et réservations au 02 37 23 42 23/02 37 23 41 75 ou sur ateliersarcheologie@agglo-ville.chartres.fr