Nos découvertes : vestiges et collections

Sous la place des Epars

Le 20 juillet 2005, deux archéologues constatent la destruction de couches archéologiques lors de la construction des escaliers menant au parking souterrain de la place des Epars. Une fouille d'urgence est menée courant septembre. Elle permet de mettre au jour la cave d'un mage blanc !

La cave d'un magicien

L'incendie, qui ravage tout ou partie de la ville au tournant du IIè siècle a détruit, en bordure de l'actuelle Place des Épars, un habitat qui en s'effondrant sur lui-même, a comblé de ses débris la petite cave qui lui était sous-jacente. En s'écroulant, le plafond de la cave a morcelé et éparpillé les objets sur le sol. Ceux-ci ont été piégés durant près de 1900 ans.

Vers l'année 100 de notre ère, un magicien, Caius Verius Sedatus, était adepte de la magie blanche. Il ne vivait peut-être pas du commerce de son « art ». Les invocations écrites sur les brûle-encens, qu'il devait prononcer en se tournant vers les quatre points cardinaux, s'adressaient aux divinités du cosmos. Lors des cérémonies, il utilisait des poteries singulières, munies de « godets » et qui, comme les brûle-encens, servaient peut-être à la consomption de substances odorantes. Des serpents montent le long de leur panse et en mordent le col. Ils renvoient au texte gravé sur le brûle-encens, qui affirme que Caius Verius Sedatus est le gardien des divinités.
Une quinzaine de récipients plus communs, des flacons, des bouteilles, un plat, un pot suggèrent que les rites s'accompagnaient de libations ou de repas. Des contenants en verre, il reste quelques morceaux que l'incendie a fait fondre. La présence d'os de plusieurs espèces animales (porc et, en petit nombre, boeuf, capriné, coq, oie et lièvre) et celle d'un grand couteau en fer confortent l'hypothèse et suggèrent des sacrifices sanglants. Le feu a peut-être détruit d'autres objets en matériau périssable (bois, tissus, cuir, vannerie…).
 

On pourrait penser qu'une partie des objets de la cave, type de pièce destinée au stockage de denrées alimentaires, n'était pas nécessairement utilisée dans le cadre de rites magiques. Deux lampes à huile ont été retrouvées en haut de la paroi de la cave. Elles devaient être posées sur une planche faisant office d'étagère. On sait que les lampes à huile étaient utilisées dans certaines cérémonies religieuses. Mais ici leur rôle semble avoir été fonctionnel. Elles sont idéalement placées pour éclairer l'ensemble du cellier.
Les rites magiques, quoi qu'il en soit, n'étaient pas pratiqués dans la cave. Celle-ci, exiguë et basse de plafond, servait probablement avant tout de cache. Elle était encombrée de meubles qui réduisaient encore les possibilités de mouvements. Trois types distincts de charnière, en os et en fer, suggèrent la présence de trois meubles qui ne devaient pas servir au rangement de la nourriture. C'est à l'intérieur de ces coffres, coffrets ou armoires que Caius Verius Sedatus plaçait ses objets magiques, afin de les ranger et surtout de les soustraire à la vue d'autrui. Le magicien voulait probablement éviter les accusations qui lui auraient fait perdre ses biens ou même la vie.

Les objets du site

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