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16 décembre 2022

Métal utile à l’époque antique, le fer y sert principalement pour la confection d’outils et d’armes, pour la production de la quincaillerie nécessaire entre autres dans la construction (clous, fiches…) ou dans les « circuits » de réparation (essentiellement chez les charrons, qui fabriquent les roues). Mais d’où provient-il exactement ?

L’artisanat du fer à Chartres et ses environs dans l’Antiquité

Avant les années 2000, deux fouilles réalisées à Chartres ont livré des structures et de nombreux résidus liés à des activités de forge de la Ville antique (fig1), l’une près de l’amphithéâtre (Passage Barbou) l’autre juste entre la limite de la cité et le sanctuaire monumental (rue Saint-Brice).

Fig 1. Localisation des principaux espaces liés à la métallurgie du fer à Autricum

Depuis, plus de sept opérations ont révélé quelques tonnes de scories de fer* et de débris de fours tant à Autricum (Chartres antique) que dans l’agglomération chartraine (Mignières, Morancez, Gellainville, Amilly, …) où la présence de forges antiques (fig. 2 : voir photo ci-dessus - Batterie de foyers de forge du IIIè siècle découverts en 2010 rue de Chenonville à Mignières) est attestée.

Ces observations relancent la question de la provenance du minerai ou des lingots de fer dans les circuits économiques à cette période.

Un Projet Collectif de Recherches

Chartres et ses environs ne sont pas réputés pour détenir du minerai de fer dans leurs sols. C’est pourquoi la Direction de l’archéologie de Chartres engage un projet de recherche élargit à un périmètre d’environ 50 km autour de Chartres. Différents acteurs sont associés pour étudier la paléosidérurgie des origines à la fin du haut Moyen Âge, sur l’espace nord-carnute (fig. 3) : l’Inrap (Institut national de Recherches Archéologiques Préventives), le service archéologie du conseil départemental d’Eure-et-Loir, les laboratoires l’HeRMA de Poitiers (équipe de chercheurs spécialisés dans les différents domaines de l'étude de l'Antiquité) et des chercheurs de l’IRAMAT (Institut de recherche sur les archéomatériaux).


Fig 3. L'espace nord-carnute (dans le cercle bleu) concerne essentiellement le département d'Eure-et-Loir (2) mais aussi une partie des Yvelines (1) et de l'Essonne (5).

Une première année de recherches prometteuse

Le recensement des données (géologiques, toponymiques, archivistiques, archéologiques, paléo-environnementales, etc..) collectées par ces principaux partenaires, la diffusion de ces questionnements dans la communauté scientifique avec l’aide d’associations comme le Comité Archéologique d’Eure-et-Loir, ont abouti en 2022, à définir quelques espaces propices à produire du minerai de fer comme par exemple le Thymerais, le Perche ou l’Essonne.

Les perspectives 2023-2025

Pour la période 2023-2025, les études se focaliseront sur la recherche de l’espace géographique de production le plus proche de Chartres et de ses campagnes. Puis, des travaux en laboratoire succèderont aux prospections menées pour identifier les sites miniers. Ils permettront de découvrir la « signature chimique » des minerais encore présents aujourd’hui et de la confronter avec celle des résidus de forges anciennes (scories) retrouvés en fouille. Cette traçabilité permettra de matérialiser, pour les périodes anciennes, les circuits économiques locaux du fer, matériau stratégique.

Un premier bilan permettra de dire si les objets en fer antiques utilisés et retrouvés à Chartres ont bien été produits avec du minerai local ou provenant d’une autre région.

 

*Résidus constitués principalement d’un amalgame d’éléments stériles et de restes d’oxydes de fer. Ils sont séparés du métal produit et rejetés lors des opérations de réduction et d’affinage. Ce sont ces déchets que les archéologues retrouvent en général près des ateliers.