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15 janvier 2023

Une étrange découverte a été réalisée en 2019 lors de la fouille d’un habitat antique à Mainvilliers, laissant les archéologues perplexes face à un fragment d’os de taille particulièrement remarquable...

En archéologie, la découverte d’ossements animaux est associée à l’alimentation humaine. Elle permet aussi de préciser quelles espèces étaient présentes au sein des élevages, dans l’environnement ou celles provenant d’un commerce plus lointain. L’identification à partir des os ou des dents s’appuie sur les principes de l’anatomie comparée, dont les méthodes sont parfois limitées. C'est le cas ici, puisque la première détermination de ce bout de côte n’avait pas dépassé celle du sous-ordre (baleine à fanon). Dans le domaine des études sur les mammifères marins, le recours aux analyses génétiques s’est beaucoup développé ces dernières années, afin de préciser les réponses adaptatives des populations face à l’évolution de leur milieu. Le groupe de  recherche  européen 4-Ocean (ERC : european research council)[1] travaille notamment sur ces questions.  C’est donc auprès de cette équipe qu’un échantillon d’ossement de l’os antique découvert à Mainvilliers a été envoyé, suite à son attribution spécifique via une analyse ADN à la baleine grise (Eschrichtius robustus)[2]. Une occasion rare pour les chercheurs d’étudier une espèce phare de leur programme, qui vise à comprendre les causes de son extinction dans les eaux de l’Atlantique nord au début du 18e siècle[3].

Bien que surprenante, la découverte archéologique de restes de cétacés n’est pas un cas isolé. Dans le monde romain, le cetus est une créature cruelle provenant des mers lointaines. L’échouage d’un tel animal, dont ce fragment de côte constitue un extraordinaire témoignage, devait susciter un puissant intérêt.

L’exploitation des animaux échoués, avant le développement de la chasse à la baleine, a pu enrichir certaines communautés : le droit de "crapois", terme qui signifiait chair de baleine salée au Moyen Âge, était détenu par certains seigneurs ou communautés religieuses.

 

L’échouage d’un roqual commun (Balaenoptera physalus) en 1885 à Luc-sur-Mer dans le Calvados qui a donné lieu à la création d’un petit musée local.

 

 


[2] L’analyse a été effectuée par le Dr. Pam Cross de l’université de York (Angleterre, technique du ZooMS).